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La Lettre
© Archives de l'Académie des sciences
Marcelin Berthelot (1827-1907)
© Pictorial Press Ltd - Alamy
© Bruno Villoutreix - Inserm
La synthèse des colorants a lancé l’ère
de l’industrie chimique : ici la mauvéine,
premier colorant synthétique (Perkin, 1856).
William Henry Perkin
(1838-1907)
restait encore beaucoup à découvrir.
Il fallait donc laisser des cases vides
qui, par miracle, correspondront aux
éléments que l’on découvrira plus
tard ! Le tableau périodique fut sans
aucun doute l’une des plus grandes
découvertes scientifiques : il montrait
que quelques dizaines d’atomes
seulement constituaient toute la
matière de l’univers. L’existence même
des atomes n’était d’ailleurs pas
encore unanimement admise : certains chimistes, comme Marcelin Berthelot, s’opposaient violemment à
la théorie atomique !
Avec l’analyse, le chimiste comprenait enfin de quoi la matière était faite. Il pouvait à son tour combiner les
éléments afin de développer l’aspect le plus créatif de la chimie, la synthèse. Le chimiste devenait capable
non seulement de comprendre la nature, mais aussi de créer de nouvelles molécules. La synthèse de
l’urée par Wöhler, puis celle de l’acétylène par Berthelot, montrèrent que l’on pouvait réaliser la synthèse
d’un composé organique sans avoir recours à la « force vitale ». L’ouvrage de Marcelin Berthelot
La chimie
organique fondée sur la synthèse
, publié en 1860, ouvrait une voie triomphale pour la chimie organique.
La chimie est une science, mais c’est aussi une industrie qui, en s’appuyant
sur les nouvelles synthèses réalisées en laboratoire, contribuera fortement
à la révolution industrielle du
19
e
siècle. La synthèse des
colorants – mauvéine, par
Perkin, indigo par Baeyer,
prix Nobel en 1905 – a
permis l’essor de l’industrie
organique et la création de
firmes telles que la BASF, en
1865.
En même temps, la chimie
minérale développait la
fabrication de la soude par
le procédé Leblanc, qui
fut remplacé 50 ans plus
tard par le procédé Solvay.
L’ambition technique et l’intelligence de la mise en œuvre de ces procédés constituent un modèle de ce
que l’industrie chimique a pu réaliser.