Table of Contents Table of Contents
Previous Page  48 / 92 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 48 / 92 Next Page
Page Background

37 38

48

La Lettre

© B.Eymann - Académie des sciences

Jacques Livage

Membre de l’Académie des sciences – section

Chimie

–,

professeur honoraire au Collège de France

La chimie, art de transformer la matière, a joué un rôle

essentiel dans l’histoire de l’humanité. Les progrès

réalisés pour extraire les métaux de leurs minerais ont

marqué les différentes étapes de notre développement.

Nous sommes ainsi passés de l’âge de la pierre à

celui du cuivre, puis du bronze et du fer. Aujourd’hui,

la carboréduction de la silice à très haute température

conduit à la formation du silicium, qui est à l’origine du développement de toute l’électronique

moderne.

Les « arts chimiques »

Curieusement, bien que les « arts chimiques » aient été pratiqués depuis la plus haute Antiquité, la chimie

en tant que science ne s’est véritablement développée qu’à la fin du 17

e

siècle. Dès sa création en 1666,

l’Académie a nommé deux chimistes, Claude Bourdelin et Samuel Cottereau Duclos. En réalité, aucun

des deux n’était véritablement chimiste : le premier était apothicaire du duc d'Orléans, le second médecin

ordinaire de Louis XIV. À cette époque, la chimie consistait surtout à extraire les principes actifs des

plantes ou analyser les eaux minérales, elle se confondait avec la médecine et la pharmacologie.

Pour la chimie, science de la matière, une question essentielle se posait encore au début du 18

e

siècle.

Qu’est ce que la matière, de quoi est-elle faite ? On restait encore sur les hypothèses formulées par les

philosophes grecs de l’Antiquité. Démocrite prétendait que la matière était formée de grains minuscules

(atomes), tandis qu’Empédocle, Aristote et Platon affirmaient qu’elle était constituée de quatre éléments :

l’eau, l’air, le feu et la terre – un modèle repris par les alchimistes dont l’ambition était de transformer les

métaux en or… Au 18

e

siècle, Ernst Stahl expliquait encore la combustion en faisant intervenir l’élément

« flamme » : c’était la théorie du « phlogistique », détrônée par Lavoisier qui mit en évidence le rôle

de l’oxygène dans les phénomènes de combustion.

Le Traité élémentaire de chimie

qu’il publia en

La chimie, science de la matière :

comprendre et créer !