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La Lettre
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Il faut aussi intégrer la complexité du vivant et de l'homme (sain ou malade), dont témoignent nos 22 000
gènes, le million d'éléments régulateurs présents dans notre génome, les 3 x 10
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cellules de notre corps,
notre cohabitation avec environ 4 x 10
13
bactéries dans l'intestin et plus de 10
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virus ! Il faut prendre en
compte le temps et le comportement individuel et collectif des hommes. Comment peut-on apprécier
cette complexité, la quantifier et en extraire les éléments utiles à la médecine dans un environnement en
constante modification ?
De façon fort logique, le nombre et le type de données disponibles pour chaque individu augmentent rapi-
dement, d'autant que l'utilisation d'objets « connectés » facilitant le recueil à distance de nombreux para-
mètres pertinents dans le contexte d'une maladie donnée (rythme cardiaque, glycémie, etc.) va croissant.
Une approche systémique de l'individu, sain ou malade, voit le jour. Se constituent ainsi des entrepôts de
données souvent liés à un dossier médical électronique auxquels
peuvent être associées des informations biologiques
multiples – génome, épigénome, protéome, mé-
tabolome, images, etc. L'extraction « intel-
ligente » des données pertinentes, un
développement majeur des sciences
algorithmiques, devrait logique-
ment faire progresser les connais-
sances médicales et devenir un
outil de décision médicale de ce
que pourrait être une médecine
de précision. Un enjeu de taille
tiendra à la capacité d'y ad-
joindre les fruits des recherches
en sciences humaines et sociales
autour de la santé, essentielles à la
compréhension des comportements
humains individuels et collectifs face aux
questions de santé.
La santé est un enjeu de société dont l'importance va croissant, en lien avec les progrès de la médecine
fondés sur une approche scientifique. De nombreuses questions se posent : quelle acceptabilité des
mesures de prévention et d'éventuelles prédictions en matière de santé ? Où placer le curseur ? Une
politique de santé publique efficace implique une éducation sanitaire des citoyens (et des soignants)
assez pointue, notamment en ce qui concerne l'appréhension des ordres de grandeur de risque. Quelle
accessibilité aux soins ? En France, malgré un système de redistribution relativement efficace, les
inégalités face à la santé persistent : différentiel d'espérance de vie, précocité diagnostique variable des
maladies à risque mortel, accès disparate à la prévention, etc.
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2 - O Nay, et al. Lancet 2016 , 387 : 2236-49