Table of Contents Table of Contents
Previous Page  42 / 84 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 42 / 84 Next Page
Page Background

35 36

42

La Lettre

Noyau de la galaxie de Persée possédant un

trou noir obèse (image prise par la NASA)

© NASA/ESA

Chili, a commencé ses observations aux confins de l'Univers, et a découvert avec surprise des galaxies

massives, possédant en leur centre des trous noirs d'un milliard de soleils, au moins 10 fois plus massifs

qu'attendus.

S’il existe, dans notre univers local, un rapport bien établi entre la masse du trou noir dans le centre d'une

galaxie et celle de son bulbe, les trous noirs du début de l'Univers semblent croître beaucoup plus vite

que leur bulbe d'étoiles. Sans doute ont-ils dû prendre de l'avance et se former à partir de l'effondrement

d'une superétoile de 10 000 soleils, puis avaler sans répit tout le gaz et les étoiles du voisinage. Au cours

du temps, les étoiles se forment plus vite, rattrappent leur retard, et on retombe sur le rapport bien connu,

masse du trou noir égale à 0,5 % de la masse du bulbe, sauf peut-être dans des cas, très rares, où les

galaxies entrent dans un amas.

Les amas de galaxies se forment à peu près à la

moitié de l'âge de l'Univers, par interaction et fusion

entre des milliers de galaxies. Ils sont remplis de

gaz très chaud - plusieurs millions de degrés -, et

les galaxies tombant dans l'amas à grande vitesse

sont balayées par le vent, perdent leur gaz et ne

peuvent plus former d'étoiles. La masse du trou

noir reste alors très grande devant la très petite

masse du bulbe. C'est ainsi que des trous noirs

véritablement obèses, de masse 100 fois plus

grande qu'attendue, ont pu être pesés dans l'amas

de Persée !

Dans un avenir proche, ALMAet le télescope spatial

James Webb vont pouvoir explorer les premières

galaxies du début de l'Univers, et permettre de comprendre comment se sont formées toutes les étoiles

qui nous entourent. Par ailleurs, les interféromètres à très longue base, entre les divers radiotélescopes

millimétriques à travers le monde, vont constituer ce que l'on appelle l'

Event Horizon Telescope

, qui pourra

résoudre des tailles minuscules autour des trous noirs supermassifs des noyaux de galaxies : il sera alors

possible, enfin, de cartographier ce qui se passe autour de l'horizon de ces trous noirs, et atteindre leur

ombre, là où les rayons lumineux sont définitivement avalés. Non seulement ces observations apporteront

des informations sur la rotation des trous noirs, mais aussi sur les effets de gravité en champ fort.

*Affiliation des auteurs

Françoise Combes, LERMA, Observatoire de Paris, et Collège de France ; Pierre Encrenaz, LERMA,

Observatoire de Paris ; Anne-Marie Lagrange, Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble ;

Pierre Léna, LESIA, Observatoire de Paris ; Jean-Loup Puget, Institut d'astrophysique spatiale, université

Paris-Sud, Orsay ; Daniel Rouan, LESIA, Observatoire de Paris