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La Lettre

Fabriquer une impulsion

attoseconde

Le champ laser (rouge) utilisé

pour la production d’harmoniques

induit une distorsion du potentiel

atomique (noir) telle qu’un

électron (violet) peut être ionisé

(éjecté) par effet tunnel. Le

parcours de l’électron est indiqué

en vert. Libéré de l’atome mais

toujours soumis au champ laser,

l’électron peut revenir vers l’ion

avec une énergie cinétique

importante et être capturé par ce

dernier. L’atome retombe alors

dans son état fondamental en

émettant un photon ultraviolet

extrême (bleu). Tout se passe

à l’intérieur d’un cycle optique

du laser, c’est-à-dire une ou

deux femtosecondes (10

-15

s), et

l’impulsion émise est de durée

attoseconde. Ce phénomène suit

les oscillations du champ laser et

est répété à chaque demi-cycle

optique.

Impulsion attoseconde © Anne L’Huillier

Éléments optiques d'un interféromètre attoseconde © Anne L’Huillier

Éléments optiques d'un interféromètre attoseconde © Anne L’Huillier

leur interférence est constructive pendant un court instant,

et destructive le reste du temps. Comme le nombre de ces

harmoniques est élevé, et donc que la bande spectrale

qu’ils sous-tendent est grande, les impulsions lumineuses

formées sont de courte durée, de l’ordre

de quelques dizaines ou centaines

d’attosecondes. Peu de temps après,

cette hypothèse est appuyée grâce

à une meilleure compréhension de la

physique de l’atome dans ces conditions

extrêmes.

Il faudra pourtant attendre 15 ans pour

démontrer expérimentalement, à l’aide

d’une

technique

d’interférométrie,

l’existence

de

ces

impulsions

ultracourtes. De nouveau une histoire

française, puisque le premier train

d’impulsions attosecondes est mis en

évidence au

Laboratoire d’optique appliquée

,

à Palaiseau. Quelques mois après, des

chercheurs viennois montrent qu’il est

possible de produire une impulsion

attoseconde

unique.

Depuis,

le

domaine est en pleine expansion

et les sources attosecondes se

multiplient, en nombre comme en

diversité.

Voir les électrons bouger !

Une nouvelle physique s’ouvre alors

aux chercheurs, celle de la dynamique

« ultrarapide » des électrons dans la

matière, qui pourra permettre de mieux

appréhender certains phénomènes

physiques et chimiques. Le domaine

spectral des impulsions attosecondes

correspond à l’énergie d’excitation

des électrons des couches atomiques