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D

ossier

21

Portrait d’Albert Einstein

peint par Max Wulfart en

1921

© DR

© Tommroch - Fotolia

inconnue au moment de l’extraordinaire série de mémoires de Fresnel

1

, publiés entre

1815 et 1822, qui donnent une vue complète de toute l’optique classique, encore

valable aujourd’hui. Le triomphe de la théorie ondulatoire de la lumière sera

parachevé un demi-siècle plus tard, lorsque Maxwell découvrira la nature jusque

là inconnue des ondes de Fresnel : ce sont des ondes électromagnétiques.

Le modèle corpusculaire de la lumière proposé par Einstein est antinomique avec le

modèle ondulatoire, dont le succès est immense. D’où la réticence des grands physiciens

de l’époque, bien résumée dans une lettre de Planck, Nernst, Rubens et Warburg, écrite en 1913

pour soutenir l’élection d’Einstein à l’Académie des sciences de Berlin. On peut y lire : «

En bref, on peut

dire que parmi les grands problèmes dont la physique moderne abonde, il n’en est guère qu’Einstein n’ait

marqué de sa contribution. Il est vrai qu’il a parfois manqué le but lors de ses spéculations, par exemple

avec son hypothèse des quanta lumineux ; mais on ne saurait lui en faire le reproche, car il n’est pas

possible d’introduire des idées réellement nouvelles, même dans les sciences les plus exactes, sans

parfois prendre des risques

2

. »

Einstein était bien sûr conscient du problème posé par l’incompatibilité entre ses quanta de lumière et

l’ensemble des comportements ondulatoires observés en optique. Il aborde cette question difficile dans

une conférence donnée à Salzbourg en 1909. Après la discussion d’une incroyable « expérience de

pensée » dans laquelle coexistent les comportements ondulatoires et corpusculaires, Einstein rappelle

que les phénomènes d’interférence et de diffraction obligent à concevoir la lumière comme une onde, puis

il continue :

« Il est […] indéniable qu’il existe un ensemble important de faits relatifs au rayonnement qui

indiquent que la lumière possède certaines propriétés fondamentales que l’on comprend beaucoup mieux

en adoptant le point de vue de la théorie Newtonienne de l’émission de la lumière que celui de la théorie

ondulatoire. C’est pourquoi je pense que la prochaine étape du développement de la physique théorique

nous fournira une théorie de la lumière que l’on pourra interpréter comme une sorte de fusion de la théorie

ondulatoire et de la théorie de l’émission de la lumière.»

Comment ne pas être époustouflé devant

cette lucidité d’Einstein, qui introduit

explicitement la notion de dualité

onde-corpuscule, quatre ans

avant que Bohr ne développe

son

modèle

d’atome

quantifié, qui ne trouvera

sa justification que dans la

dualité onde-corpuscule

des électrons, proposée

en 1923 par Louis de

Broglie. C’est donc

en réfléchissant aux