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La Lettre

© M.Gove - Fotolia

© Michel BRUNE/LKB/CNRS Photothèque

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Tous les efforts des plus grands physiciens de l’époque pour

comprendre ces observations avaient échoué, et Planck

dut avoir recours à une hypothèse radicale : les échanges

d’énergie entre lumière et matière se font non pas de façon

continue, comme l’électrodynamique classique le décrit,

mais par grains élémentaires d’énergie proportionnelle à la

fréquence de la lumière.

C’est une hypothèse encore plus révolutionnaire que va

faire Einstein dans un article de 1905 : non seulement

les échanges entre lumière et matière se font de façon

discontinue, par paquets élémentaires, mais le rayonnement

lui-même est formé de grains élémentaires d’énergie, des

LichtQuanten

, dont la valeur E

q

s’exprime à l’aide de la

constante h introduite par Planck, et est proportionnelle à

la fréquence

ν

de la lumière (E

q

= h

ν

). L’année 1905 est une

année miraculeuse pour Einstein, qui vient de découvrir la

relativité restreinte, ce qui l’amène à conclure que les quanta

de lumière ont également une quantité de mouvement,

qui vaut p = h

ν

/c. Cette hypothèse des quanta de lumière

est reçue négativement par les physiciens de l’époque

(voir l’excellent livre « Einstein and the quantum », par A.

Douglas Stone,

Princeton University Press

, 2013). Il faut

bien dire que mis à part quelques observations de Hertz

sur l’effet photoélectrique, peu de faits expérimentaux

requièrent la quantification du rayonnement. Il faudra quinze

ans pour que le grand expérimentateur Millikan fasse des

mesures précises de l’effet photoélectrique qui confirment,

en contradiction avec son intuition initiale, la justesse de

l’hypothèse d’Einstein. Et c’est en particulier pour cette

explication de l’effet photoélectrique qu’Einstein recevra le

prix Nobel de 1921.

La réticence des physiciens face aux quanta de lumière

d’Einstein est facile à comprendre. Le 19

e

siècle avait vu le

triomphe du modèle ondulatoire de la lumière, développé par

Young et Fresnel, contre le modèle corpusculaire de Newton,

qui prévalait depuis plus d’un siècle. Étudiant les phénomènes

d’interférence, de diffraction, de double réfraction, ils avaient

montré qu’on ne peut les interpréter qu’en admettant que la

lumière est une onde. La nature de cette onde est encore