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D

ossier

53

Utilisation du laser

femtoseconde en métrologie des fré-

quences optiques

Un laser femtoseconde délivre un train d’impulsion

laser avec un taux de répétition f

r

. Le spectre

correspondant est un peigne de fréquence espacé

de f

r

, auquel il faut rajouter un décalage de

fréquence global f

0

. L’autoréférencement permet

d’accéder à f

0

et le taux de répétition se mesure

directement en détectant le train d’impulsion. La

fréquence de chaque dent du peigne est alors

entièrement déterminée par l’équation très simple

f(k)=k× f

r

+ f

0

. Une fois f

0

et f

r

connues, le peigne

constitue un ensemble de références ultraprécises

par rapport auxquelles on peut, en principe, mesurer

autant de laser que l’on veut. L’invention et la

démonstration de cette méthode sont à l’origine

du prix Nobel de physique attribué à T. Hänsch et

J. L. Hall en 2005.

© Sébastien Bize

Principe de la géodésie chronométrique

Un des aspects essentiels de relativité générale

d’Einstein est la modification de la structure de

l’espace-temps au voisinage des objets massifs.

Une des manifestations de cette modification est

le déplacement gravitationnel vers le rouge : deux

étalons de fréquence identiques situés dans des

potentiels de gravitation différents semblent avoir

des fréquences différentes lorsqu’ils sont comparés

à distance. Le terme de déplacement gravitationnel

vers le rouge vient de ce que l’étalon qui se trouve

dans un potentiel plus élevé semble avoir une

fréquence plus basse, et ce déplacement vers une

fréquence plus basse correspond à une couleur

plus rouge quand l'on part d’une longueur d’onde

optique visible. La différence relative entre les deux

fréquences est indépendante de la nature des

étalons. Elle est directement liée à la différence de

potentiel de gravitation au niveau des deux horloges,

comme l’indique l’équation de la figure ci-contre,

qui représente deux horloges optiques distantes

comparées à l’aide d’un lien optique fibré. On peut

ainsi utiliser les comparaisons d'horloges à distance

comme un nouvel outil de connaissance du potentiel

de gravitation pour la géodésie et les sciences de

la Terre. Une comparaison des fréquences avec

une incertitude relative de 10

-18

permet de mesurer

directement la différence de potentiel à un niveau

équivalent à 1 cm.

œuvre un peigne de fréquence optique faisant appel à un laser femtoseconde (

voir p 32

), afin de transférer

la stabilité de fréquence entre cette longueur d’onde et la longueur d’onde des transitions utilisées dans

les étalons de fréquence.

Vers une redéfinition de la seconde et de nouvelles applications

Grâce à tous ces développements, une métrologie du temps et de la fréquence entièrement située dans

le domaine optique a émergé, surpassant de plusieurs ordres de grandeurs les approches fondées sur

les fréquences microondes. Cela dessine la perspective d’une redéfinition de la seconde du système

international d’unité à partir de transitions optiques et de progrès importants de toutes les applications des

étalons de fréquence ultraperformants.

De plus, l’amélioration considérable de la performance peut être directement à l’origine de nouvelles

applications. Ainsi, une comparaison à distance d’étalons de fréquence optique à 10

-18

permet de mesurer

la différence de potentiel gravitationnel à un niveau équivalent à 1 centimètre, ce qui laisse envisager de

manière concrète la géodésie chronométrique et le développement d’une nouvelle gamme d’applications

des étalons de fréquence ultraperformants dans le domaine des sciences de la Terre.