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La Lettre

La pureté spectrale et l’étendue optique de la lumière des lasers sont parfaitement contrôlables. Comme

la vitesse de la lumière est imposée, sa longueur d’onde est

ipso facto

parfaitement définie et le faisceau

de lumière devient une règle graduée. Associée au phénomène d’interférences, elle devient un instrument

de mesure universel pour :

● la mesure des longueurs et des distances, soit par interférométrie, soit au moyen d’impulsions

laser courtes (ce qui a été utilisé pour mesurer la distance Terre-Lune). En

1972, la mesure très précise de la fréquence et de la longueur d’onde

d’un laser à Hélium-Néon a permis de déterminer la vitesse de

la lumière avec une incertitude suffisamment faible pour que

la 17

e

Conférence Générale des Poids et Mesures (1983)

redéfinisse le mètre en adoptant une valeur précise pour la

vitesse de la lumière dans le vide : «

Le mètre est la longueur

du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de

1/299 792 458 seconde

»

● la mesure du mouvement par l’effet Doppler, la mesure des champs gravito-inertiels, celle de la

température, etc. ;

● la spectroscopie à ultra-haute résolution et la connaissance extraordinaire qu’elle apporte de la vie

intime des atomes et des molécules ;

● la détection des ondes gravitationnelles : si l’existence d’ondes gravitationnelles analogues aux

ondes lumineuses a déjà été évoquée, nous n’avons pas les « yeux » pour les voir. Elles n’agissent

en effet pratiquement pas sur la structure interne des objets et ne font que déformer l’espace sur

leur passage. La lumière, et spécifiquement l’interféromètre de Michelson, aident à détecter cette

infime déformation de la géométrie : il s’agit de mesurer un changement de longueur des bras de

l’interféromètre inférieure au picomètre (10

-12

m), sachant que ces bras mesurent des kilomètres,

voire des millions de kilomètres pour les projets spatiaux tels que LISA (

Laser Interferometer Space

Antenna

). L’enjeu est considérable pour fonder une nouvelle

astronomie permettant de remonter aux premiers instants

de l’Univers ou d’enregistrer la coalescence des trous

noirs*. Paradoxalement, c’est la lumière qui nous

donne accès à l’invisible !

Lumière et métrologie de pointe

© poliki - Fotolia

© Grpahique réalisé par la NASA

Peu après l’écriture de ces lignes, plusieurs

événements de ce type ont été détectés,

entre septembre et décembre 2015, par les

deux interféromètres Ligo. Les trous noirs

impliqués ont des masses de plusieurs

dizaines de masses solaires et se situent à

une distance de plusieurs centaines de Mpc

(1 pc = 1 parsec ≈ 3,26 années-lumière).

Collaboration Ligo-Virgo, à paraître dans la revue

Physical Review Letters

.

L’interféromètre spatial LISA

*