La Lettre de l'Académie des sciences n°33 - page 37

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à la demande en énergie d’une société qui est gourmande, et au sein de laquelle personne n’est réelle-
ment prêt à restreindre sa consommation quotidienne ! Or pour diversifier, il faut inventorier. Cela a été fait
pour l’hydraulique, et aujourd’hui plus de 95 % des possibilités identifiées sont exploitées. Une évaluation
préalable avait aussi été effectuée à Lacq, il y a un peu plus de soixante ans. Un même inventaire doit
donc être réalisé pour l’éolien et l’hydrolien, et naturellement pour les gaz de schiste.
En dehors même de ces cas particuliers, vous êtes très attaché à la liberté des
chercheurs...
Oui, elle est fondamentale pour faire
progresser les connaissances. Et
cette liberté passe par l’attribution
de crédits à des recherches expéri-
mentales qui s’exercent aussi hors
des sentiers battus. Si tous les finan-
cements dépendent de comités qui
ont tendance à reproduire l’existant,
il y a peu de chance qu’une idée
originale, voire iconoclaste, béné-
ficie d’un soutien. Or favoriser la
duplication de l’existant n’est pas ce
qui peut arriver de mieux à la recherche fondamentale. Bien sûr, les travaux originaux financés doivent être
suivis et évalués : la communauté scientifique sait faire le tri, et les bonnes idées ne restent jamais dans
un tiroir, elles finissent toujours par émerger. Il faut seulement financer la période d’induction, au cours de
laquelle des expériences sont initiées pour tester les idées originales, et les premiers résultats publiés,
reproduits par d’autres équipes et, ainsi, validés par la communauté scientifique. À part les mathéma-
tiques pures, qui sont peu consommatrices de crédits, et les grands instruments, qui sont financés par
des programmes internationaux, c’est toute la recherche expérimentale - biologie, chimie, physique expé-
rimentale, etc. - qui doit bénéficier de ce type de soutien. Nous avons, à l’Académie, un exemple très
parlant de l’intérêt de cette dé-
marche, en la personne du chimiste
Yves Chauvin. L’Institut français
du pétrole lui a offert, durant qua-
rante ans, une grande liberté de
recherche. Cela lui a permis à la
fois de remplir les objectifs que lui
fixait l’Institut - il est notamment à
l’origine du procédé de catalyse
homogène Dimersol, que l’IFP a
largement commercialisé à l’inter-
national -, et de mener, en parallèle,
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