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D

ossier

73

© Zabou Carrière

© Zabou Carrière

© Zabou Carrière

15 mètres sous terre, assurent la stabilité vibratoire de

l’ensemble. L’intérieur de l’anneau, lui, ne mesure que

2,5 cm de haut et 7 cm de large, mais c’est l’intensité qui

y prédomine : des électrons y tournent par paquets à une

vitesse proche de celle de la lumière, avec une énergie

de 2,75 GeV, dans l’ultravide, mesuré par une pression de

10

-10

hPa. «

Le vide absolu n’existe pas, rappelle Andrew

Thompson. Mais il est très poussé ici car les interactions

entre électrons et molécules de gaz résiduel mettent en

péril la stabilité de la trajectoire et créent des pertes de

particules dans l’anneau.

» Tout est surveillé depuis la salle

de contrôle : le canon à électrons, qui les arrache d’une

cathode de tungstène soumise à une tension de 90 KeV,

le LINAC (

LINear Accelerator

), rampe de lancement de

16 mètres où ils atteignent 100 MeV, le Booster, accélérateur

ovale de 157 mètres de long qui, tour après tour, les fait

monter à 2,75 GeV, et enfin l’anneau de stockage, qui les

y maintient. Paul Morin ouvre son smartphone : «

on peut

même surveiller l’ensemble par internet !

».

Dès qu’ils subissent un champ magnétique, ces électrons

émettent, sous l’effet de l’accélération, une lumière - c’est-à-

dire un rayonnement électromagnétique -, le « rayonnement

synchrotron », sur une gamme de longueur d’onde qui dépend

de leur énergie. Dans les virages de l’anneau, 32 éléments

magnétiques de courbure guident le faisceau, tandis que

l’on peut insérer, dans les nombreuses lignes droites, des

« onduleurs » magnétiques qui confèrent un mouvement

sinusoïdal aux électrons et rendent leur rayonnement

extrêmement brillant. «

La lumière ici est unique par son

domaine spectral et son intensité

, relève Paul Morin.

Elle

s’étend de l’infrarouge jusqu’aux rayons X, avec une brillance

extrême, mesurée en nombre de photons par unité de

surface et par unité d’ouverture angulaire.

» Pour l’exploiter,

29 « lignes de lumières » d’environ 40 mètres s’échappent

tangentiellement à l’anneau de stockage, comme autant de

rayons d’un soleil dessiné. Vingt-six sont opérationnelles.

Ces lignes sont de véritables laboratoires, avec leurs

propres équipes, techniques et domaines d’énergie. Outre

les recherches menées par Soleil, près de 600 projets par an

sont sélectionnés pour leur excellence, et se partagent 5 000