19 Mar2013
Publié dans Séances publiques
Conférence de Philippe Sansonetti, membre de l'Académie des sciences
Il n'est pas d'organisme multicellulaire qui n'héberge un microbiote et à cette interface, la co-évolution eucaryote-procaryote a
donné lieu à une symbiose dont la dimension mutualistique
commence tout juste à être révélée. Il n'est pas étonnant qu'une communauté microbienne dense et diverse comme le microbiote
humain qui dépasse d'un facteur 10 le nombre de nos cellules et d'un facteur 100 le nombre de
nos gènes, soit impliqué dans des domaines aussi important de notre physiologie que la
protection de nos surfaces muqueuses, l'immunité - sans doute "forgée" sur la double
nécessité de tolérer ce microbiote et rejeter les microorganismes
pathogènes – la nutrition et le métabolisme. Les progrès technologiques récents, en particulier le séquençage profond et le
métaséquençage ont été essentiels dans la prise de conscience de l'importance et la
caractérisation de ce "monde du silence" qu'était jusqu'à présent le microbiote, en particulier
intestinal. Au delà de ces fonctions homéostatiques, des études récentes indiquent que notre
symbiose avec le microbiote est plus large et plus profonde qu'an
ticipé, touchant des domaines comme le développement, en particulier les phases tardives du développement
cérébral et vasculaire et la réparation épithéliale et tissulaire. Jusqu'à quel point des anomalies du microbiot
e (dysbioses naturelles, alimentaires ou iatrogènes au cours de traitements antibiotiques), ou des anomalies dans la gestion de ce
microbiote, participent à certaines maladies est un domaine nouveau de la médecine
recouvrant des cadres aussi larges qu'obésité, diabète, athérosclérose, pathologies périnatales,
asthme, pathologies inflammatoires chroniques, cancer, vieillissement. Jusqu'à quel point, au delà du concept de
probiotiques, la manipulation du microbiote
permettra de contrôler certaines maladies est le corollaire évident de cette nouvelle dimension
de la microbiologie anticipée il y a un siècle déjà par Elie Metchnikov.
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