Bernard Malgrange
6 juillet 1928 - 5 janvier 2024
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Bernard Malgrange survenu le 5 janvier 2024 à l’âge de 95 ans. Il avait été élu correspondant le 24 octobre 1977, puis membre le 13 juin 1988 dans la section de mathématique.
Notice nécrologique
Ancien élève de l'École normale supérieure (promotion 1947), agrégé de mathématiques, il obtient son doctorat en 1955 sous la direction de Laurent Schwartz à l'Université de Nancy alors qu'il est attaché de recherche au CNRS. En 1960, il devient Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris puis Professeur en 1962. De 1965 à 1969, il est Professeur à l'université Paris-Sud, puis à l'université Joseph Fourier Grenoble à partir de 1969. À partir de 1973, il est Directeur de recherche du CNRS à l'Institut Fourier de Grenoble, puis Directeur de recherche émérite après son départ à la retraite en 1993.
Avec Jean-Louis Koszul, il fut pendant de nombreuses années l’un des principaux animateurs de l'Institut Fourier qui est rapidement devenu l’un des meilleurs laboratoires mathématiques de France. Il a en particulier été longtemps rédacteur en chef des Annales de l'Institut Fourier.
Il a reçu le Prix Carrière de notre Académie en 1961. En 1966, il a donné une conférence plénière au Congrès international des mathématiciens à Moscou, consacrée à la théorie locale des fonctions différentiables. En 1978, il a été nommé Docteur honoris causa de l'Université de Genève. En 1985, il est président de la Société Mathématique de France.
Bernard Malgrange a démontré que tout opérateur différentiel non nul à coefficients constants admet une fonction de Green. Ce résultat, démontré simultanément par Leon Ehrenpreis, porte aujourd’hui le nom de théorème de Malgrange-Ehrenpreis. Il a également démontré le théorème de préparation de Malgrange, devenu classique, qui est essentiel pour la classification des catastrophes élémentaires de René Thom. Dans un travail magnifique, il met en évidence la relation entre les exposants de la phase stationnaire et la monodromie de la connexion de Gauss-Manin. Il a travaillé également sur la transformation de Fourier géométrique, le théorème de l'indice, l’involutivité générique des systèmes différentiels analytiques, la sommation des séries divergentes ou encore les singularités des feuilletages holomorphes. Bernard Malgrange a eu peu d'élèves directs, mais certainement une influence considérable dans plusieurs domaines des mathématiques.
Avec notre profond regret.
Le Bureau de l’Académie des sciences