a mesure de la Terre (premier épisode)
Les préoccupations des astronomes étaient d'abord de mieux connaître le système solaire, et notamment ses dimensions.
Dans l'Antiquité, Eratosthène avait mesuré le rayon de la Terre, fort bien d'ailleurs. Aristarque avait estimé la distance de la Lune, grâce à une simple construction géométrique à l'occasion des éclipses de Lune. Ce fut une très bonne estimation. Aristarque détermina aussi la distance du Soleil. Mais il l'estima à 18 à 20 fois la distance de la Lune, -une très forte sous-estimation (due à nos yeux modernes) à son ignorance de la réfraction par l'atmosphère, et à l'imprécision de la mesure des angles entre deux directions du ciel. Au début de la nouvelle ère astronomique ouverte par Galilée et Kepler, il apparut nécessaire, comme une importante évidence, de réviser ces trois déterminations, rayon de la Terre, distance du Soleil, distance de la Lune.

ès son arrivée en France, Jean-Dominique Cassini, conscient depuis longtemps de ces problèmes, mais à qui l'Académie (c'est-à-dire le roi Louis XIV !) donne des moyens adéquats, décide d'employer Jean Picard à la mesure d'un arc de méridien. Picard est le premier, après Eratosthène, à effectuer ce type de détermination. Ses opérations de triangulation le long du méridien de Paris l'ont conduit à un résultat de 57.060 toises (111 km dans les unités actuelles, que nous utiliserons dans la totalité de cet article) par degré de latitude. Le rayon terrestre qui s'en déduit est de 6.372 km (sans doute guère mieux qu'à une centaine de kilomètres près). À l'occasion de son séjour en 1672 à Cayenne, où il est envoyé en vue de la détermination de la parallaxe solaire, Jean Richer rapporte : "L'une des plus considérables observations que j'ai faites, est celle de la longueur du pendule à secondes de temps, laquelle s'est trouvée plus courte à Cayenne qu'à Paris". Cette observation est en effet remarquable. Elle fut utilisée par Huygens et Newton pour en inférer la forme aplatie de la Terre, une conclusion contraire aux résultats de la mesure du méridien de France par les Cassini I et II, et qui fut, de ce fait, largement ignorée en France