Les Académies des sciences du G20 appellent à une action coordonnée face au changement climatique pour le bien-être des populations et de la planète
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Depuis 2017, les Académies des sciences des pays du G20 se réunissent chaque année dans le cadre du Science20 (S20) pour formuler des recommandations scientifiques à l’attention des chefs d’État et de gouvernement du G20 sur les grands défis mondiaux.
Mathieu Baumer
Depuis 2017, les Académies des sciences des pays du G20 se réunissent chaque année dans le cadre du Science20 (S20) pour formuler des recommandations scientifiques à l’attention des chefs d’État et de gouvernement du G20 sur les grands défis mondiaux.
En 2025, sous la présidence sud-africaine du G20, les Académies du S20 se sont réunies le 23 septembre autour du thème « Changement climatique et bien-être », en cohérence avec le thème du G20 : Solidarité, Égalité et Durabilité.
--> Lire la declaration Climate change and well-being Science20 (S20) South Africa 2025 Statement 
--> Télécharger sur ce lien la version FR (traduite par l’Académie des sciences) 
Ci-dessous, la déclaration traduite par l’Académie des sciences : 
Le changement climatique demeure l’un des défis les plus urgents de notre époque, avec des conséquences profondes sur le bien-être humain et planétaire. Il menace la santé, les moyens de subsistance et la stabilité des systèmes de soutien de la vie sur Terre, en particulier pour les populations vulnérables. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) fonde ses évaluations sur des moyennes décennales et pluridécennales, et non sur des observations annuelles. L’année 2024 a été désignée comme la plus chaude jamais enregistrée, en raison de tendances de réchauffement global progressives. Depuis l’ère industrielle, les activités humaines passées et présentes sont les principaux moteurs du changement climatique, surpassant largement les phénomènes naturels tels que les variations solaires, les éruptions volcaniques, les courants océaniques et les émissions naturelles de gaz à effet de serre.
Répondre aux effets du changement climatique exige des solutions urgentes, fondées sur la science, pour l’atténuation et l’adaptation, guidées par des politiques fondées sur des preuves et une coopération mondiale. Bien que le changement climatique comporte des risques et des compromis, y faire face ouvre aussi des opportunités d’innovation et offre de nombreux co-bénéfices pour la santé, les écosystèmes et l’économie.
Le thème du S20 en 2025, « Changement climatique et bien-être », s’aligne sur celui du G20 en Afrique du Sud : Solidarité, Égalité et Durabilité. Cette déclaration présente cinq domaines prioritaires, chacun accompagné de recommandations.
Domaine prioritaire 1 : Santé humaine et environnementale
Le changement climatique affecte négativement le bien-être humain, les océans, la qualité de l’air et de l’eau, et réduit la biodiversité. Les vagues de chaleur, tempêtes, inondations, sécheresses et incendies de forêt plus fréquents affaiblissent la résilience des écosystèmes, provoquent des déplacements de populations, aggravent l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, et augmentent les risques de maladies, notamment infectieuses.
Recommandations clés :
•    Mettre en place et améliorer les systèmes de surveillance de la qualité de l’air et de l’eau, renforcer les réglementations et promouvoir les technologies propres.
•    Développer des capacités d’alerte précoce et de réponse grâce aux données, outils analytiques avancés et systèmes de surveillance climat-santé.
•    Renforcer les plans de gestion des catastrophes en tenant compte des populations vulnérables et en protégeant les services écosystémiques essentiels.
Domaine prioritaire 2 : Nexus alimentation, eau et énergie
Le changement climatique perturbe les systèmes interconnectés qui assurent la disponibilité de la nourriture, de l’eau et de l’énergie. Face à la croissance démographique et aux aspirations à de meilleures conditions de vie, il est essentiel d’adopter des politiques intégrées, des technologies efficaces et des modes de consommation durables.
Recommandations clés :
•    Promouvoir une agriculture intelligente face au climat et respectueuse de la nature.
•    Renforcer les systèmes alimentaires locaux et soutenir les petits producteurs par la formation et les pratiques communautaires.
•    Encourager une urbanisation compacte, efficace et à faibles émissions, intégrant la gestion durable de l’eau, les énergies renouvelables et l’agriculture urbaine.
•    Renforcer la résilience des systèmes alimentaires mondiaux.
Domaine prioritaire 3 : Peuples autochtones, communautés locales et populations vulnérables
Les savoirs, pratiques et valeurs des peuples autochtones et des communautés locales sont essentiels pour faire face aux impacts climatiques. Pourtant, leurs moyens de subsistance, leur santé et leur patrimoine culturel sont particulièrement menacés.
Recommandations clés :
•    Favoriser la participation active des peuples autochtones et intégrer leurs savoirs traditionnels dans les politiques climatiques.
•    Soutenir les pratiques communautaires inclusives qui renforcent la capacité d’adaptation.
•    Assurer l’accessibilité des systèmes d’alerte précoce aux populations vulnérables.
Domaine prioritaire 4 : Adaptation au changement climatique
Malgré les progrès, les efforts actuels d’adaptation restent insuffisants. Une adaptation efficace, tenant compte de divers scénarios, est essentielle pour réduire la vulnérabilité, notamment dans les zones à risque climatique élevé.
Recommandations clés :
•    Renforcer les infrastructures et les systèmes d’alerte précoce, en intégrant les capacités locales.
•    Améliorer l’accès aux données régionales, nationales et mondiales pour guider les actions climatiques fondées sur des preuves.
•    Restaurer et protéger les écosystèmes naturels et semi-naturels pour renforcer l’adaptation et préserver la biodiversité.
Domaine prioritaire 5 : Atténuation du changement climatique
Pour limiter les impacts du changement climatique, il est crucial de réduire durablement les émissions jusqu’à atteindre la neutralité carbone. Cela implique de s’éloigner des activités humaines émettrices de gaz à effet de serre, d’adopter les énergies renouvelables et les technologies à faibles émissions, et d’investir dans des solutions circulaires et basées sur la nature.
Recommandations clés :
•    Accélérer l’adoption de solutions de réduction des émissions, en tenant compte des contextes environnementaux et socio-économiques.
•    Mettre en œuvre des solutions circulaires comme l’économie circulaire du carbone (ECC), en investissant dans les infrastructures, en sensibilisant et en suivant les progrès.
•    Envisager des programmes de recherche sur le retrait du CO₂, la gestion du rayonnement solaire et d’autres formes de géo-ingénierie, sous gouvernance rigoureuse.
Lire le rapport Géo-ingénierie climatique : appel à la prudence et à un encadrement rigoureux de l’Académie des sciences
Perspectives et voie à suivre
Renforcer les actions d’atténuation réduit les risques climatiques et les coûts d’adaptation. L’adoption accélérée des technologies propres offre des opportunités même aux régions à faible potentiel hydroélectrique ou éolien. L’adaptation basée sur les écosystèmes peut renforcer la résilience urbaine, protéger les systèmes alimentaires et ouvrir de nouveaux marchés pour les pays en développement.
Une planification inclusive dans les domaines de la santé, des transports, de l’agriculture, de la construction, de l’énergie et de l’eau peut établir des filets de sécurité bénéfiques pour les populations vulnérables et contribuer au bien-être mondial.
Face à l’urgence climatique, agir de manière décisive dans les cinq domaines prioritaires peut améliorer la santé publique, promouvoir l’équité sociale, renforcer la sécurité alimentaire et hydrique, et stimuler l’innovation durable. Avec la coopération mondiale, l’inclusivité et la science au cœur de l’action climatique, ces défis peuvent devenir des catalyseurs puissants de prospérité partagée.
La liste des Académies du S20 :
    Academia Europea
    Argentina 
    African Union
    Australia
    Canada 
    China 
    France
    Germany 
    India 
    Indonesia 
    Italy
    Japan 
    Mexico
    Russia 
    Saudi Arabia
    South Korea 
    Türkiye 
    UK