Notice biographique

Bernard de Fontenelle est né à Rouen le 11 février 1657. Après des études au Collège des Jésuites de Rouen et des études de droit, il fut attiré à Paris par son oncle, Thomas Corneille qui eut une grande influence sur lui et introduisit dans le monde littéraire.
En 1685, est apparu le goût de Fontenelle pour les questions scientifiques, avec la publication d’un "Mémoire sur le nombre 9". En 1686, il a publié son fameux ouvrage "Entretiens sur la pluralité des mondes" dans lequel il exposait les divers systèmes astronomiques, ceux de Ptolémée, Copernic et Tycho Brahe ainsi que les découvertes récentes dans ce domaine. Fontenelle n’était pas astronome et les éditions les plus anciennes contenaient un certain nombre d’erreurs qu’il corrigea lui-même dans les éditions ultérieures en tenant compte des données scientifiques que lui fournissaient les Membres de l’Académie des sciences. Ce livre lui a permis de discuter de questions qui le fascinaient, la relativité des connaissances, la désacralisation de la Terre (et donc de l’Homme), ainsi que la reconnaissance d’un univers non centré sur la Terre. Cet ouvrage, considéré généralement comme le premier exemple de vulgarisation scientifique, eut un grand succès, dû au fait que Fontenelle traitait de sujets difficiles dans un style lumineux et enjoué.
Grâce à son ami Varignon, Fontenelle fit connaissance du cercle scientifique parisien, notamment Nicolas de Malézieu et Guillaume de L’Hospital. Pour ce dernier, il a composé la préface "Analyse des infiniment petits pour l’intelligence des lignes courbes". Fontenelle devint également l’ami de l’abbé Bignon et de Maurepas de Pontchartrain, présidents de l’Académie des sciences. Ceux-ci firent reconnaître ses talents d’exposition, de simplification, de clarté, son art de mettre à la portée de tous les connaissances scientifiques les plus difficiles. C’est ainsi que nul ne parut mieux qualifié que Fontenelle pour être nommé en 1697 Secrétaire de l’Académie royale des sciences, en remplacement de Du Hamel.
À cette date, le règlement de l’Académie royale des sciences était en cours d’élaboration. Entré en vigueur en 1699, il prévoyait que le Secrétaire devait donner tous les ans une histoire raisonnée des travaux scientifiques, "les mémoires", les plus importants et faire l’éloge des savants décédés dans l’année. De 1699 à 1740, Fontenelle se consacra ainsi presque exclusivement à un travail de diffusion de la pensée scientifique de ses contemporains. Il a exposé tous les travaux, portant sur l’astronomie ou la botanique, la chimie ou l’anatomie, avec une clarté, une précision, "des agréments du style…. (qui) eurent bientôt fait (de l’Histoire de l’Académie) un livre à la mode. Le goût des sciences se communiqua de proche en proche" (Éloge de Fontenelle par Grandjean de Fouchy).
Fontenelle a publié 42 volumes de l’Histoire de l’Académie, contenant 69 éloges. Ces éloges ont été et restent la grande gloire de Fontenelle. Ils constituent une source unique d’information pour l’étude biographique des savants de cette époque, de même que pour l’histoire de la pensée scientifique. En est témoin, parmi d’autres, l’éloge de Newton dans lequel la description parallèle des travaux de Descartes et de Newton est une page célèbre.
En tant que Membre de l’Académie des sciences, Fontenelle continua des travaux personnels. En 1727, il publiait "Les éléments de la géométrie de l’infini".
Pendant la Régence, Fontenelle prépara une nouvelle édition du "Dictionnaire des Arts et Sciences"de Th. Corneille qu’il a enrichi de nombreux termes scientifiques.
En 1740, alors qu’il le demandait depuis plusieurs années au Cardinal de Fleury, il fut mis fin à ses fonctions de Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences.
En 1752, paraissait, sans nom d’auteur, une "Théorie des tourbillons cartésiens avec des réflexions sur l’attraction", ouvrage que Fontenelle avait écrit longtemps auparavant et qu’il a laissé publier sans en prendre la responsabilité, peut-être parce qu’il comprenait que le siècle n’était plus à la physique cartésienne mais au "newtonianisme".
Fontenelle était Membre de l’Académie française (1691) et Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il était Membre de la Royal Society de Londres, de l’Académie de Berlin, de celles de Rome, de Rouen et de Nancy.
Les premiers jours de 1757, Fontenelle souffre d’une "difficulté d’être". Il est mort le 9 janvier 1757.

André Couder a prononcé un discours à l'occasion de la cérémonie de commémoration du troisième centenaire de la naissance et du deuxième centenaire de la mort de Fontenelle, organisée le 2 mars 1957.