Gérard Laumon
- Mathématique
Élu membre le 30 novembre 2004
Section : Mathématique

- Mathématique
Biography
Gérard Laumon était directeur de recherche au CNRS.
Le principal domaine de recherche de Gérard Laumon était la géométrie algébrique, avec ses applications à l'étude des variétés de Drinfeld et de Shimura ainsi qu'au programme de Langlands.
Notice nécrologique
Chères Consoeurs, chers Confrères,
C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Gérard Laumon, survenu le 4 octobre 2025, à l’âge de 73 ans. Il avait élu membre de l’Académie des Sciences le 30 novembre 2004.
Gérard Laumon était l’un des plus brillants représentants de l’école mathématique française. D’origine lyonnaise, dont il gardait un goût prononcé pour la gastronomie, il est passé par l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Dès la sortie de l’Ecole, il a été recruté comme assistant à l’université d’Orsay où il a effectué toute sa carrière. Il est passé au CNRS en 1985 en tant que chargé de recherche puis directeur de recherche et y est resté jusqu’à sa retraite. Il était très attaché à l’université d’Orsay ainsi qu’au CNRS. Il se souciait de leur bon fonctionnement et a pris à plusieurs reprises des responsabilités dans cet objectif. En particulier, il a dirigé de 2000 à 2008 l’équipe d’arithmétique et de
géométrie algébrique d’Orsay et a été membre du Comité National du CNRS de 2005 à 2009.
C’était un mathématicien dans l’âme et on peut dire qu’il s’est réalisé dans sa carrière. Ayant effectué sa thèse sous la direction de Luc Illusie, ses premiers travaux relèvent de la pure géométrie algébrique. Son travail sur la transformation de Fourier géométrique et les facteurs ϵ, dans la lignée de Pierre Deligne, reste l’un des travaux fondamentaux sur le sujet. Il s’est ensuite progressivement orienté vers la théorie des formes automorphes, entrant ainsi petit à petit dans la galaxie Langlands, tout en gardant sur le sujet un point de vue de géomètre. Sans d'écrire ses travaux, ce qui n’est pas opportun aujourd’hui, on peut indiquer qu’il est l’un des fondateurs de ce que l’on nomme maintenant la théorie de Langlands géométrique et qu’il a apporté une contribution essentielle à la preuve
du ”lemme fondamental”, qui est l’un des grands résultats de la théorie automorphe démontrée en ce siècle. La preuve complète de ce ”lemme” à été donnée en 2008 par Ngô Bào Châu, un des ses anciens étudiants. Ce dernier et Gérard Laumon ont d’ailleurs reçu conjointement le Clay Research Award en 2004 pour leurs travaux sur ce sujet. De fait, Gérard Laumon a eu plusieurs excellents étudiants, avec lesquels il s’est montré d’une générosité absolue, tant par le choix des sujets qu’il leur a confiés que par le temps qu’il leur a consacré. Deux d’entre eux, Ngô Bào Châu déjà cité et Laurent Lafforgue, ont reçu la médaille Fields, qui est la plus prestigieuse récompense du monde mathématique. Elu à l’Académie en 2004, Gérard Laumon s’est beaucoup investi dans sa tâche d’académicien
et nombre d’entre vous auront sans doute été témoins de l’activité qu’il y a déployée.
En particulier, il était ces dernières années secrétaire de la section de mathématiques, ce dont celle-ci n’a eu qu’`a se louer. Sa vie s’est tristement assombrie en 2019 lors du décès de son épouse Geneviève Raugel. Celle-ci était elle aussi mathématicienne, au CNRS et à Orsay comme lui. Leur couple s’était formé dès le début de leurs études. Il est décédé comme elle de ce que l’on nomme une longue maladie, dont il souffrait depuis un an.
Nous nous souviendrons de Gérard Laumon comme d’un grand mathématicien, à la personnalité marquante, au sens de l’humour certain et à la parfaite honnêteté intellectuelle.
Avec nos profonds regrets et nos sincères salutations.