Lettres de Michel Adanson adressées aux frères de Jussieu lors de son voyage au SénégalDix lettres sont conservées dans le dossier consacré à Michel Adanson, au service des archives de l'Académie des sciences
1/ Lettre adressée depuis l'Orient à Bernard de Jussieu en date du 17 février 1749
extrait du manuscrit
Adanson exprime sa reconnaissance et son admiration à Bernard de Jussieu et à son frère. Il se souvient des "heureuses matinées" passées avec eux dans "le séjour de flore".
Il fait part d'une erreur qu'il a commise en confondant le nautile et une certaine coquille marine, qui lui paraît avoir échappé aux observations de Linné. Il regrette de n'avoir pas encore pu observer un insecte qu'il nomme "polype". Il remercie de la peine prise par Bernard de Jussieu pour lui faire parvenir la nouvelle édition du Systema naturae.ettre adressée à Bernard de Jussieu2/ Lettre adressée depuis le bateau qui le conduit au Sénégal à Bernard de Jussieu en date du 31 mars 1749
Michel Adanson espère que les recommandations dont il est pourvu pour le directeur de la Compagnie des Indes lui "procureront beaucoup de facilité pour les découvertes" qu'il compte faire au Sénégal. Il rappelle que "l'illustre Académie dont vous et Mr. Votre frère êtes les membres, a toujours été un attrait "pour lui et que c'est dans la vue d'y entrer un jour qu'il travaille à l'étude de l'histoire naturelle".
Il s'est remis à l'étude de l'astronomie pendant son séjour à l'Orient, avec M. d'Aprèz et compte faire faire sa lunette de 20 pieds au Sénégal.
Il décrit ses recherches d'insectes, de plantes, d'algues et de coquillages près de l'Orient. Par exemple, il a découvert, sous l'écorce d'un hêtre, 2 espèces nouvelles d'insectes approchant du "carabus", différentes de celles observées par Linné et dont il donne une longue description.3/ Lettre adressée depuis le Sénégal en date du 15 août 1749
Le directeur de la Compagnie des Indes, M. de la Brüe, le dispensant de travailler au bureau, Michel Adanson peut se consacrer à ses recherches. Il projette de retourner en France par le premier bateau en partance, c'est-à-dire dans un ou deux ans.
Michel Adanson décrit l'Isle au milieu du Niger. Il fait des excursions dans le pays. A Podor, il a observé un "grand nombre d'oiseaux d'une beauté rare qu'il aurait été bien aise d'envoyer à Mr. De Réaumur".
Il décrit nombre de plantes (dont certaines ne lui paraissent pas avoir été encore décrites par Linné), d'arbres et d'animaux ; il envoie des graines, des tiges, des fruits, des insectes, un herbier des plantes qu'il a ramassées depuis son arrivée et demande conseil sur les meilleurs moyens de "préparer" ses découvertes détériorées par la chaleur, l'humidité et les insectes. Il demande conseil sur un projet de réalisation d'un catalogue proche du "fauna suecica" de Linné, pour faire part de ses découvertes à la "république des sçavants".
Il apprend le langage des Onolofer, ce qui lui sera utile pour apprendre les propriétés de certaines plantes "singulières et surprenantes".
Il demande à être informé des nouveautés sur l'histoire naturelle depuis son départ.4/ Lettre adressée depuis le Sénégal en date du 1er août 1750
Ayant appris que son envoi de graines a été gâté, Michel Adanson prépare un nouvel envoi de graines de centaines d'espèces de plantes, ainsi que de coquillages, de vers, de pierres, d'herbiers. Ces collections peuvent être distribuées à Réaumur, Rouelle et Duhamel. Il serait "charmé si le cabinet du roi pouvait recevoir une augmentation ou un ornement des espèces inconnues de coquillages, si vous jugiez à propos d'y enplacer quelques-uns".
Il décrit des vers, certains "que l'on nomme animaux fleurs" ; il poursuit l'observation de plantes, notamment le "vrai gommier et les "arbres qui donnent le vin de palme", des pierres, des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons, des insectes. "Il commence à sentir l'utilité d'un travail fondé sur l'exactitude des observations ".
Il remercie les frères Jussieu "de l'honneur d'imposer son nom au calebassier N°7.6.". Il envoie 2 livres de résine d'une espèce de Sumach, qui est regardée comme l'encens.
"Il lui ferait plaisir que quelqu'une de ses plantes fut un objet de commerce, et que la découverte lui en fut düe".
5/ Lettre adressée à Monsieur de Jussieu de l'Académie royale des sciences, depuis le Sénégal en date du 10 février 1751
Michel Adanson remercie de la place de Naturaliste obtenue en sa faveur à l'Isle de Bourbon, mais ne peut l'accepter en raison des "cruelles douleurs du mal de mer". Il demande si ce poste peut être transféré au Sénégal, ou si une place pourrait être trouvée pour lui en Europe.
Il continue à observer de nouvelles espèces de plantes et à envoyer des graines.
Il réitère sa demande concernant l'extraction de l'indigo des plantes et son utilisation en teinture des toiles. Il indique que l'indigo du Sénégal pourrait être un objet de commerce.6/ Deux lettres adressées à Messieurs de Jussieu, depuis le Sénégal en date du 24 juin 1751
Michel Adanson est heureux d'avoir reçu un catalogue comprenant presque toutes les plantes qu'il a envoyées du Sénégal. Il est également heureux que "la Botanique étant venue à la mode chez les grands, et particulièrement à la Cour ; que S. M. a établi un Jardin de Botanique dans un de ses châteaux de plaisance, et de plus que quelques-unes des Plantes qu'il vous a envoyées ont été demandées pour y être élevées".
Il demande l'obtention d'une place de Conseiller à la Compagnie pour pouvoir continuer ses recherches.
Il décrit des insectes, vivant dans la mer, luminescents, les Mérëin. Il continue ses essais sur l'indigo.
7/ Lettre adressée depuis le Sénégal en date du 20 août 1751
Michel Adanson a envoyé une caisse de cahiers de plantes, de graines et un baril rempli d'oiseaux pour Mr. de Réaumur. Il expédie aussi des follicules et des feuilles de Sené et joint les feuilles d'une espèce de Lawsonia qui sert "aux coquettes du pays" à embellir leurs ongles d'une couleur de vermillon.
Il a des difficultés à se rendre dans certaines contrées en raison des hostilités avec les Anglais. Il demande des noyaux d'arbres fruitiers pour les acclimater au Sénégal.8/ Lettre adressée depuis le Sénégal en date du 20 février 1752
extrait du manucrit avec échantillons de toile
En raison des difficultés que Michel Adanson rencontre désormais pour vivre et travailler, il compte rentrer en France dans un délai de 18 mois. Il continue à faire des essais sur l'indigo et en envoie un échantillon. Il autorise "à communiquer à M. Linnaeus le caractère du Baobab".
Il commente sa lecture des trois premiers tomes de l'histoire naturelle de Buffon.lante qui mêlée à l'Indigo Amérique du Sud communique une teinte plus foncée, coquillages, baobab, Buffon9/ Lettre sans lieu ni date
Michel Adanson y parle des plantes qu'il étudie et cultive. Il renonce à un voyage au Cap de Bonne Espérance et préfère rester au Sénégal pour ses observations. Il espère pouvoir retourner en Gambie.