Bernard Guinot

8 septembre 1925 - 6 mars 2017
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Bernard Guinot, survenu le 6 mars 2017, à l’âge de 91 ans.
Il avait été élu correspondant de l’Académie des sciences - section des sciences de l'Univers - le 7 mars 1983.
Notice nécrologique
Bernard Guinot, astronome honoraire de l'Observatoire de Paris, est
décédé le 6 mars 2017, à l'âge de 91 ans. Il était correspondant de
l'Académie des sciences, membre honoraire du Bureau des longitudes
et membre de l'Academia Europaea.
Tout d’abord officier des messageries maritimes, il entre en 1952 à
l'Observatoire de Paris où sa carrière d'astronome se poursuivra
jusqu'en 1984. André Danjon, alors Directeur, l'associe à ses recherches
sur l'astrolabe qui porte son nom. B. Guinot participe activement au
perfectionnement de cet instrument ainsi qu'au développement de ses applications
scientifiques. Il soutient en 1958 sa thèse d'Etat sur ce sujet.
En 1965, il devient directeur du Bureau international de l'Heure (BIH), fonction qu'il exerce
jusqu'en 1985 à l'Observatoire de Paris, au sein du Département d’astronomie fondamentale
(actuel SYRTE). Dans ce cadre, il conçoit de nouveaux algorithmes pour le calcul du Temps
universel UT1 et des coordonnées du pôle, développe des méthodes permettant la transition
des mesures optiques aux techniques de la géodésie spatiales et crée un service rapide pour les
besoins de la recherche spatiale. Il propose la définition d'une nouvelle origine équatoriale qui
sera adoptée au niveau international en 2000. Il est l'instigateur du système de référence
géodésique utilisé mondialement. Comme Directeur du BIH, il est l'un des artisans les plus
actifs du passage de la mesure astronomique du temps à sa mesure quantique et l'un des
acteurs majeurs de l'organisation de la métrologie mondiale du temps. Il crée et développe
l'algorithme de construction du Temps atomique international (TAI) et le fait reconnaître
comme base officielle de la mesure du temps et des fréquences. Il en améliore la construction
pour en faire la meilleure approximation du temps idéal de la physique. En 1985, il rejoint le
Bureau International des poids et mesures comme physicien principal, puis consultant. Il y
transfère officiellement le TAI en 1988, à la création du Service international de rotation
terrestre (IERS) qui succède à la composante "rotation de la Terre" du BIH. En plus de ses
activités sur les échelles de temps, il se consacre au problème des définitions relativistes des
références spatio-temporelles dont il assure la reconnaissance par l’Union astronomique
internationale (UAI) en 2000.
De nombreuses responsabilités scientifiques lui ont été confiées au cours de sa carrière,
notamment au sein de l'Observatoire de Paris, du Groupe de recherches de géodésie spatiale,
du Bureau des longitudes, de l'UAI, et du Comité international des poids et mesures. Deux de
ses ouvrages sont des références: La méthode des hauteurs égales en astronomie, Gordon &
Breach 1970, avec Suzanne Débarbat et Les fondements de la mesure du temps, Masson
1998, avec Claude Audoin.
La très grande rigueur scientifique de Bernard Guinot et ses conceptions novatrices lui ont
permis, pendant ses soixante années d'activité scientifique, de faire bénéficier au mieux
l'astronomie et la mesure du temps du gain de précision apporté par la géodésie spatiale et les
horloges atomiques.
Nous avons perdu avec lui une personnalité marquante et un très grand scientifique.
Nicole Capitaine
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