Liste des membres de l'Académie des sciences / D

Henri Décamps

Henri Décamps
18 décembre 1935 - 10 janvier 2023

L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès d’Henri Décamps, survenu le 10 janvier 2023 à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Il était directeur de recherche émérite au CNRS. Il avait été élu correspondant le 7 juin 1993, puis membre le 16 décembre 2008, dans la section de Biologie intégrative. Il était également membre de l’inter-section des applications des sciences.





Notice nécrologique

Henri Décamps était un biologiste, spécialiste de l’écologie des rivières et des paysage fluviaux. Il avait commencé sa carrière en s’intéressant à la biologie et à l’écologie de plusieurs ordres d’insectes de la macrofaune benthique des torrents pyrénéens, sujet de sa thèse de doctorat d’état. Il avait aussi mis en évidence l’influence du couvert végétal des bassins versants sur la diversité de la faune aquatique, puis avait contribué à l’étude de l’eutrophisation du Lot. La suite de ses recherches concerne le fonctionnement des écosystèmes fluviaux. Il met en évidence l’importance de la ripisylve, les formations boisées en bord de rivière, dans les échanges entre les écosystèmes d’eau courante et les écosystèmes terrestres voisins. Les résultats obtenus, entre autres sur la décomposition des litières et leur rôle dans les cycles de l’azote et du carbone en zones inondables, l’ont conduit à élaborer les notions de corridor et de connectivité qui sont deux éléments clés de l’écologie des paysages, domaine dont il est l’un des promoteurs.

Henri Décamps a effectué l’essentiel de sa carrière à Toulouse, au CNRS, qu’il a rejoint en 1961, pour y préparer sa thèse d’état au sein de la prestigieuse équipe de recherche sur la biologie et l’écologie des invertébrés d’eau douce fondée par le professeur Vandel et dirigée alors par le professeur E. Angelier. Des séjours post doctoraux l’ont conduit au Canada, puis en Allemagne et au Royaume Uni. En 1980, il est nommé Directeur du service de la carte de la végétation, qui deviendra le Centre d’étude des ressources renouvelables du CNRS, puis le laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement. Ses travaux l’ont amené à participer ou à promouvoir des programmes sur l’environnement, nationaux et internationaux, le plus souvent pluridisciplinaires. Au sein de l’Académie des sciences, il était membre du comité éditorial des Comptes Rendus Biologies et il prenait une part très active aux travaux du Comité de l’environnement dont il a été le vice-président. Il y a notamment coordonné le rapport « Évènements climatiques extrêmes : réduire les vulnérabilités des systèmes écologiques et sociaux » paru en 2010 et dont on mesure aujourd’hui toute la clairvoyance. Ceci l’a amené à participer à la rédaction du rapport spécial du GIEC sur cette question.

Henri Décamps était un grand scientifique, modeste, ouvert aux autres disciplines et d’une très grande gentillesse, qui avait reçu de très nombreuses distinctions. Il aimait faire partager la science et la nature avec de réels talents pédagogiques. Il est l’auteur d’une demi-douzaine d’ouvrages et de très nombreuses publications. Il était membre de l’Académie d’Agriculture de France depuis 2004. Il nous manquera beaucoup dans nos discussions.

Avec notre profond regret.

Le Bureau de l’Académie des sciences

Voir quelques repères biographiques

Discours

Écologie : interfaces et ruptures, discours sous la coupole le 16 juin 2009