Pierre Gabriel

1er août 1933 - 24 novembre 2015
Notice nécrologique
Pierre Gabriel, membre correspondant de l'Académie des
sciences depuis 1986, nous a quitté le 24 novembre 2015.
Né le premier août 1933, il entre à l'école normale supérieure de la
rue d'Ulm en 1953.
Sa thèse, dirigée par R. Godement et A. Grothendieck, porte sur les
catégories abéliennes. Pour la première fois, les catégories ne sont
plus seulement un cadre commode pour parler de plusieurs notions
d'algèbre mais deviennent un sujet d'étude en soi, obéissant à
plusieurs théorèmes fondamentaux. Ces travaux fournissent les
préliminaires nécessaires à la théorie des schémas formels de
Grothendieck.
Après sa thèse, Pierre Gabriel passe une année à Orsay. Il assiste
au séminaire de Grothendieck et rédige le SGA3, sur les groupes
algébriques. Il obtient ensuite un poste de professeur à l'université
de Strasbourg, où il va passer une dizaine d'années. C'est "l'époque
glorieuse" où la plupart des meilleurs mathématiciens français font un séjour à Strasbourg, et Pierre
Gabriel est un des leaders de ce département. Avec Cartier et Puppe, il organise le "séminaire européen"
(franco-allemand), durant sept ou huit ans.
Durant son séjour à Strasbourg, Pierre Gabriel écrit deux ouvrages de plusieurs centaines de pages. Le
premier, écrit avec M. Zisman, porte sur le calcul des fractions en théorie de l'homotopie. C'est,
aujourd'hui encore, une référence pour tous les topologues. Le second, écrit avec M. Demazure, porte sur
les groupes algébriques. On notera en particulier l'usage qui y est fait de la notion d'univers.
Au début des années soixante-dix, Pierre Gabriel, invité par F. Hirzebruch, fait un séjour à Bonn. Il
obtient ensuite un poste de professeur à l'université de Zürich.
C'est là qu'il commence l'étude des carquois et de leurs représentations. Son travail aura une forte
influence sur l'école de Gelfand des représentations. Il lui vaut d'être invité comme orateur au Congrès
International des Mathématiciens à Berkeley en 1986.
Pierre Gabriel était l'homme d'une double culture, française et allemande. Fin linguiste, il connaissait la
plupart des nombreux dialectes de la langue allemande.
Christophe Soulé