Philippe Nozières

Philippe Nozières
12 avril 1932 - 15 juin 2022

L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Philippe Nozières, survenu le 15 juin 2022 à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il avait été élu membre de l'Académie des sciences le 30 novembre 1981, dans la section de Physique.




Notice nécrologique

Philippe Nozières nous a quittés le 15 juin 2022. Avec lui c’est un géant de la théorie des phénomènes collectifs en physique qui disparait. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il commence sa carrière avec Pierre Aigrain au laboratoire de physique de l’ENS puis part aux Etats-Unis à l’université de Princeton et aux Bell Laboratories. Là, à seulement 23 ans, il éblouit par ses contributions pionnières à la physique des systèmes d’un grand nombre de particules en interaction : liquides quantiques tels que les électrons dans les métaux, rugosité de surfaces comme celle des cristaux d'hélium, ou impuretés magnétiques dans les matériaux. Outre de nombreux articles fondateurs sur ces sujets, il rédige plusieurs livres, dont certains avec David Pines, son mentor aux USA, qui exposent cette physique alors naissante et qui sont devenus des classiques.
Revenu en France, il fonde une véritable école en physique du solide et de la matière condensée qu’il animera tout au long de sa vie, à travers ses travaux et son enseignement à l’université de Paris puis de Grenoble. Et enfin en tant que professeur au Collège de France où la chaire de « Physique Statistique » est créée pour l’accueillir en 1983 et où ses cours éblouissants de clarté et de profondeur laissent un souvenir inoubliable (et des notes manuscrites toujours d’actualité !) à plusieurs générations de physiciens et physiciennes.  Il s’établit à Grenoble à partir de 1972, où il dirige la division théorie de l’Institut Laue-Langevin pendant près de trois décennies. Scientifique à la curiosité insatiable et d’une extrême exigence, il s’intéresse et apporte des contributions déterminantes à de nombreux autres sujets - outre la théorie des systèmes quantiques en interaction - comme l’origine du champ magnétique terrestre par effet dynamo ou la friction solide vue comme un effet élastique avec hystérèse.
Lauréat de nombreuses distinctions prestigieuses, dont le Prix Wolf (1984-85) et la médaille d’or du CNRS (1988), il a été depuis 1982 un membre extrêmement actif de la section de Physique de l’Académie des sciences.

Le Bureau de l’Académie des sciences