Philippe Ascher
28 juin 1936 - 4 octobre 2022
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Philippe Ascher, survenu le 4 octobre 2022 à l’âge de quatre-vingt-six ans. Il avait été élu correspondant le 9 avril 1990 dans la section de Biologie moléculaire et cellulaire, génomique.
Notice nécrologique
Philippe Ascher, professeur émérite à l’université Paris Cité, a consacré l’essentiel de sa carrière scientifique à l’étude de la transmission synaptique. Parmi ses multiples travaux, on citera deux découvertes absolument majeures concernant les récepteurs canaux dits NMDA, récepteurs ionotropes activés par le glutamate et jouant un rôle essentiel dans la mémoire et la plasticité synaptique. En 1984, l’équipe de Philippe Ascher a montré que les ions magnésium bloquent l’entrée du canal, qui peut cependant être libéré lors de l’inversion du potentiel électrochimique, donnant ainsi la clef des mécanismes moléculaires et cellulaires responsables du phénomène de LTP à la base de la mémoire et de l’apprentissage. Quelques années plus tard, Philippe Ascher établit que l’ouverture du canal requière non seulement la fixation du glutamate, mais également celle d’un autre neurotransmetteur, la glycine, observation qui bouleverse les conceptions de l’époque.
L’influence de Philippe Ascher ne s’est pas limitée à cette œuvre scientifique au premier plan international. A la tête d’un laboratoire à l’Ecole normale supérieure, puis du Département de Biologie de cette établissement, il a œuvré à hisser cette école au plus haut niveau international, non seulement dans le champ des neurosciences, mais plus généralement dans celui des sciences de la vie. Professeur charismatique, à l’immense érudition et à la sagesse largement reconnue, homme d’une probité exemplaire, d’une bienveillance sans limite et à l’humour toujours subtil, il aura joué une rôle essentiel dans le développement de l’école de neurobiologie française, et exercé, mentor, modèle ou référence, une influence profonde sur un nombre considérable d’élèves et de collègues, tant français qu’étrangers, bien au-delà de sa discipline.
Avec notre profond regret.
Le Bureau de l’Académie des sciences