Joseph Bové

Joseph Bové
5 mai 1929 - 2 juin 2016

L'Académie des sciences a le regret de faire part du décès de Joseph Bové survenu le 2 juin 2016. Joseph Bové avait été élu correspondant de l'Académie le 29 mars 1993 dans la section de Biologie intégrative.

Notice nécrologique

Joseph Bové est décédé le 2 juin 2016, à l’âge de 87 ans. Né au Luxembourg, il fait ses études à Bordeaux, où ses parents s’étaient installés. Il y prépare le concours d’entrée à l’Institut National Agronomique, qu’il réussit en 1950. A la fin de ses études, il rejoint l’Institut de Recherche sur les Fruits et les Agrumes (l’ancêtre du CIRAD), auquel il appartiendra jusqu’en 1968. Il s’oriente vers la phytopathologie mais, conscient de la faiblesse de la recherche française en biologie végétale, il part à Berkeley dans les laboratoires de Daniel Arnon et Paul Stumpf. De retour en France, il entreprend une thèse à l’INRA de Versailles sous la direction de Georges Morel et Jacques Monod, sur le virus de la mosaïque jaune du navet (TYMV ou Turnip Yellow Mosaic Virus), soutenue en 1967. Il est aussitôt recruté professeur à l’université de Nancy. En 1971, il est admis Directeur de recherche à l’INRA et prend la direction de la station de physiologie végétale de Bordeaux. Il y crée le laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire en 1974 dont il sera le directeur jusqu’en 1994. En 1976, il devient professeur de microbiologie à l’Université de Bordeaux, jusqu’à sa retraite en 1998. L’INRA le nomme directeur du Centre de recherche de Bordeaux en 1984, poste qu’il occupera pendant 10 ans et qu’il marquera de sa forte personnalité.

La carrière de Joseph Bové est exceptionnelle par ses travaux particulièrement originaux. Sa contribution à l’étude du TYMV constitue un tournant dans la virologie végétale, avec la découverte et la purification de la première RNA- replicase virale. Mais sa notoriété se développe surtout avec la découverte qu’un mycoplasme, Spiroplasma citri, est le responsable du nanisme ou "stubborn" des agrumes. Avec ses collaborateurs, il accomplira des travaux de pionnier sur cet agent pathogène et les espèces apparentées, allant jusqu’au séquençage de son génome et au développement de stratégies OGM pour lutter contre les insectes vecteurs. Il est l’un des fondateurs de l’Organisation Internationale de Mycoplasmologie. Il découvre également les agents responsables d’autres maladies des agrumes comme Candidatus liberibacter et Xylella fastidiosa. Parallèllement aux travaux de biologie moléculaire, il multipliera les voyages sur le terrain, apportant son expertise d’agronome et de phytopathologiste à de nombreux pays et à la FAO.

Joseph Bové a publié plus de 250 articles dans les meilleures revues. Ses travaux lui ont valu de nombreuses récompenses : médaille d’argent du CNRS en 1971, prix Dujarric de l’Académie des sciences, prix Dufrenoy de l’Académie d’agriculture. Il est élu membre de l’Académie d’agriculture en 1992, correspondant de l’Académie des sciences en 1993, membre de l’Académie américaine de microbiologie en 1996, membre de l’Académie des sciences brésilienne en 2002.

Joseph Bové était un scientifique passionné, simple et chaleureux, doublé d’un enseignant enthousiaste. Il fut également un remarquable administrateur du centre INRA de Bordeaux. On lui doit en particulier le rapprochement entre l’université et l‘INRA, l’émergence du pôle de phytopathologie, de l’Institut de biologie végétale moléculaire et de l’Institut des sciences de la vigne et du vin. Il restera dans les mémoires de celles et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer comme un scientifique hors pair.

Michel Delseny

Voir quelques repères biographiques