Gerald Maurice Edelman

1er juillet 1929 - 17 mai 2014
Notice nécrologique
Gerald Maurice Edelman, né à New-York le 1° juillet 1929, élu Associé étranger de l'Académie dans la section de Biologie humaine et sciences médicales le 19 juin 1978, est décédé à La Jolla en Californie, le 17 mai 2014.
Titulaire d'un doctorat de médecine à l'Université de Pennsylvanie (1954), Gerald Edelman travailla comme médecin dans l'armée américaine basée en France jusqu'en 1957, puis rejoignit l'Institut Rockfeller de New-York où il passa son doctorat de physique en 1960. Professeur de neurobiologie à la Scripps Foundation en Californie depuis 1992, il avait été nommé directeur de l'Institut de neurosciences de La Jolla.
Gerald Edelman s'est d'abord fait connaître pour ses travaux pionniers sur la structure des immunoglobulines qui lui valurent le Prix Nobel de Médecine en 1972 (avec le britannique Rodney Porter). Il avait identifié la séquence d'acides aminés d'une chaîne d'un anticorps monoclonal issu d'un malade atteint d'un syndrome immunoprolifératif. Dans un deuxième temps, il tenta de répondre à la question de savoir comment une structure générale, celle des immunoglobulines, pouvait donner lieu à autant de variants d'anticorps adaptés à chaque molécule d'antigène. C'est alors qu'il conçut le concept hardi mais largement confirmé par la suite par la biologie moléculaire, que plusieurs gènes commandaient la synthèse d'une molécule d'anticorps, certains responsables de la partie constante de la molécule, d'autres des parties variables.
Après l'obtention du prix Nobel, G. Edelman se tourna vers d'autres recherches, notamment l'étude du cerveau et de la conscience, ou ce que l'on pourrait appeler la science de la reconnaissance. "Ces mécanismes fondent ce que j'ai appelé la théorie de sélection des groupes neuronaux (…) Tous les processus à l'œuvre dans le développement et la morphogenèse du cerveau présentent un certain côté statistique : la neurogenèse, la migration neuronale, l'adhésion qui régule la croissance des extrémités neuronales, la mort neuronale programmée, la formation des connexions (…) Ces variations se combinent pour donner une diversité de structures absolument extraordinaire qui fait que deux individus, même jumeaux, n'ont jamais le même cerveau. C'est la sélection développementale, premier pilier de ma théorie. Par la suite le câblage entre groupes neuronaux va être modifié en fonction des interactions avec l'environnement, notamment sensoriel…". C'est ainsi que G. Edelman a élaboré sa thérorie du darwinisme neuronal. La référence à la sélection darwinienne est constante chez Edelman, que ce soit dans ses premiers travaux relatifs au système immunitaire, dans ses travaux de neurologie, mais également quand il s'agit d'expliquer les facultés cognitives du cerveau. C'est donc ce thème qui a inspiré l'ensemble de ses travaux de recherche.
Gerald Edelman était par ailleurs un violoniste accompli jouant sur son Stradivarius, un homme féru de littérature et de poésie qui aimait beaucoup la France. "L'homme n'est pas moins exceptionnel que le savant" disait de lui Jean Hamburger.
Jean-François Bach