Des Gaz de Fermi ultrafroids aux étoiles à neutrons
Conférence de Christophe Salomon, Laboratoire Kastler Brossel, École Normale Supérieure de Paris, lauréat du prix Louis D 2012
Les gaz d’atomes dilués constituent aujourd’hui des systèmes modèles très utiles pour aborder les problèmes complexes de physique à N corps rencontrés en physique du solide, en physique nucléaire ou en astrophysique. A très basse température, la longueur d’onde de Broglie des particules devient de l’ordre de la distance moyenne entre atomes et les effets quantiques collectifs se manifestent de façon spectaculaire. Pour les particules de spin entier, les bosons, la condensation de Bose-Einstein d’un gaz dilué se produit autour du microkelvin et le système devient superfluide. Pour les particules de spin demi-entier, les fermions, le régime de dégénérescence quantique est moins spectaculaire lorsque les fermions n’interagissent pas entre eux. En revanche, en présence d’interaction attractive, les fermions peuvent s’apparier et former une phase superfluide. Pour les électrons d’un métal refroidi à basse température, l’on observe le phénomène de supraconductivité dont on a fêté récemment le centième anniversaire de sa découverte. Nous montrerons comment les atomes ultrafroids offrent la possibilité de régler l’amplitude et le signe de la force des interactions entre atomes. On accède ainsi à un régime de corrélations fortes, très difficile à décrire théoriquement, en particulier pour les fermions. Nous décrirons quelques expériences récentes sur la thermodynamique des gaz de fermions fortement corrélés. La superfluidité se produit à une température rapportée à l’énergie de Fermi remarquablement élevée et présente des analogies avec les systèmes solides supraconducteurs à haute température critique. Malgré plusieurs dizaines d’ordres de grandeur entre les paramètres des gaz froids et des étoiles à neutrons, les quantités thermodynamiques mesurées en laboratoire permettent d’en déduire l’équation d’état de la couche externe des étoiles à neutrons.