Lauréates 2019 du prix Irène Joliot-Curie : Françoise Lamnabhi-Lagarrigue, Sophie Postel-Vinay et Belinda Cowling
Le prix Irène Joliot-Curie 2019 est décerné à :
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Françoise Lamnabhi-Lagarrigue pour la catégorie Femme scientifique de l’année
Françoise Lamnabhi-Lagarrigue est directrice de recherche au CNRS au Laboratoire des Signaux et Systèmes, UMR Centrale-Supelec et Université Paris-Sud.
Françoise Lamnabhi-Lagarrigue est une spécialiste internationalement reconnue de l’analyse et de la commande des systèmes. Elle a des contributions majeures dans la conception de commandes stabilisantes et robustes pour les systèmes non linéaires et pour les systèmes hybrides. Elle a notamment proposé des feedbacks adaptatifs pour stabiliser des systèmes dépendant d’un paramètre inconnu. Elle a construit des observateurs pour des systèmes triangulaires en présence d’incertitudes.
Elle a aussi proposé une nouvelle méthode de conception d’observateurs pour des systèmes en réseau avec transmission partielle. Ses travaux ont tous une forte composante mathématique centrée sur les équations aux dérivées partielles non-linéaires. Ils ont par ailleurs de nombreuses applications, notamment dans le domaine de l’énergie.
Françoise Lamnabhi-Lagarrigue a une grande visibilité internationale qui s’appuie sur plus de 200 articles, conférences et chapitres de livres. Elle a reçu plusieurs prix dont le prix Michel Monpetit en 2008 et le prix IFAC France en 2014. Elle a de plus assumé de nombreuses responsabilités d’animation et d’évaluation de la recherche : comités éditoriaux, lancement d’une revue de synthèse en automatique, comités de pilotage de conférences internationales, conseil scientifique IRCAM, INS2I, comité d’évaluation de l’ONERA.
Elle a aussi mis en place et dirigé plusieurs groupements de recherche européens en automatique (site de formation Marie Curie, réseau d’excellence Hycon). Elle a fondé en 2006 l’European Embedded Control Institute. Elle s’est investie dans la formation des jeunes chercheurs (encadrement de 23 doctorants, coordination du Marie Curie Training Site, direction du Pôle Automatique de l’Ecole doctorale Paris-Saclay, création de l’International Graduate School on Control).
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Sophie Postel-Vinay pour la catégorie Jeune femme scientifique
Sophie Postel-Vinay est médecin-chercheur à l’Institut Gustave Roussy où elle dirige une équipe ATIP-Avenir depuis 2018, avec une labellisation ARC recherche fondamentale, attribuée en 2019.
Elle travaille sur l’oncologie et le développement de nouveaux médicaments. Dans le cadre d’un master 2 dans l’équipe d’Olivier Delattre à l’Institut Curie, elle avait contribué à un travail de génétique humaine important sur le sarcome d’Ewing qui a abouti à l’identification de loci associés au risque de développer cette tumeur pédiatrique (publié dans la revue Nature Genetics en 2012).
Après son internat, elle a fait une thèse de sciences à l’Institut de Cancer Research, à Londres, dans l’équipe d’Alan Ashworth réputé dans le domaine de la recherche sur le cancer. Elle a réussi à démontrer que les inhibiteurs de PARP étaient sélectivement toxiques pour les cellules de cancer du poumon déficient en un enzyme de réparation de l’ADN, le ERCC1.
Ce travail, réalisé par les cribles dans un modèle cellulaire développé à Gustave Roussy, a été suivi par des essais cliniques en cours, suivant le protocole qu’elle a écrit. De retour en France, elle a poursuivi son intérêt dans le domaine des cancers bronchites causés par une déficience en ERCC1 et a démontré l’interdépendance entre la réparation de l’ADN - qui est compromise dans ces cellules cancéreuses - et le métabolisme de la cellule, avec l’ouverture vers des nouvelles cibles thérapeutiques.
Elle a publié ce travail en 2018 dans le Journal of Clinical Investigation, revue de référence dans le domaine ; elle a reçu le prix des Sœurs Olga et Lucie Fradiss, de la Fondation de France en reconnaissance de cette contribution importante. En 2018, elle a publié dans le même journal un article sur le développement de l’immunité aux inhibiteurs de PARP
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Belinda Cowling pour la catégorie Femme recherche et entreprise
Belinda Cowling a commencé sa carrière de recherche à Monash University en Australie sur la physiologie et la physiopathologie des muscles. Elle a fait d’excellentes publications avec un facteur d’impact élevé. Elle rejoint en 2009 l’équipe du Dr Jocelyn Laporte (IGBMC, Illkirch) et est rentrée à l’Inserm en 2014. Elle a continué sa carrière de recherche sur les maladies neuromusculaires dégénératives, maladies rares particulièrement invalidantes et sévères : c’est une pathologie rare (elle touche environ 110 personnes par an en France) et orpheline (pour laquelle aucun traitement n’est disponible). Elle a mis en place une stratégie de recherche permettant d’attaquer le problème sur plusieurs fronts qui vont des aspects fondamentaux aux essais sur l’animal. L’utilisation de techniques de génie moléculaire (CRISPE-Cas9) y joue un rôle de plus en plus important. Cette stratégie a déjà montré des résultats, ce qui est très encourageant.
Elle a dirigé une équipe qui s’est progressivement étoffée. Titulaire en 2015 d’une HDR elle a encadré 6 thèses. Elle a continué à faire des publications de très haute qualité : elle a publié 32 articles dans des revues de premier plan.
Très en lien avec les malades, elle s’est intéressée rapidement aux aspects thérapeutiques de ces maladies. Elle a obtenu 5 brevets, dont 2 ont donné lieu à des licences à la société Dynacure créée en 2015 pour développer son approche. Elle vient de recevoir le prix scientifique de l’Université de Strasbourg pour la création de cette société et pour son implication dans les collaborations entre le milieu académique et les entreprises. Elle rejoint en mai 2018 cette société au poste de directrice de la recherche et développement, tout en continuant sa collaboration avec l’institut de recherche où elle travaillait. Elle participe régulièrement à des réunions en Europe et aux Etats Unis avec les banquiers, les analystes financiers, les investisseurs et les agences de régulation.
L'Académie leur a rendu hommage à l'occasion de la remise solennelle de leur prix sous la Coupole de l'Institut de France, le 26 novembre 2019.
Le prix Irène Joliot-Curie 2019 a été remis par ailleurs lors d'une cérémonie organisée le lundi 2 mars 2020 par le Ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation.
À cette occasion, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et Grazia Vittadini, directrice de la Recherche et de la Technologie d'Airbus, ont adressé leurs félicitations aux trois lauréates.
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