Lauréates 2014 du prix Irène Joliot-Curie : Hélène Olivier-Bourbigou, Virginie Orgogozo et Séverine Sigrist
Le prix Irène Joliot-Curie 2014 est décerné à :
Hélène Olivier-Bourbigou, chef de département à l’Institut français du pétrole énergies nouvelles, pour la catégorie Femme scientifique de l'année
Hélène Olivier-Bourbigou a effectué toute sa carrière à l’Institut français du pétrole. Faisant preuve d’une grande originalité, elle découvre que les liquides ioniques permettent de réaliser des catalyses homogènes particulièrement efficaces, peu coûteuses et respectant l’environnement, par suite du recyclage du catalyseur. C’est une grande avancée dans le domaine de la catalyse qui représente aujourd’hui un enjeu stratégique. Par emploi de cette méthode, le procédé industriel Difasol permet désormais un accès aisé, à partir d’oléfines légères issues directement du craquage du pétrole, à des composés plus élaborés à haute valeur ajoutée pour le raffinage et la pétrochimie.
Ce coup d’éclat lui confère très vite une notoriété internationale dans le domaine de la catalyse homogène et plus particulièrement des liquides ioniques. Elle est en effet à l’origine de l’essor considérable que connaissent ces milieux dans des applications scientifiques très variées, qui dépassent la catalyse.
Co-inventrice de près de cent brevets, co-auteure d’une centaine de publications, Hélène Olivier- Bourbigou a su harmonieusement allier carrière industrielle, innovation scientifique et épanouissement personnel et familial. Une remarquable femme de science.Virginie Orgogozo, chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique, chef d’équipe à l’institut Jacques Monod, pour la catégorie Jeune femme scientifique.
Virginie Orgogozo, normalienne, agrégée en sciences de la vie et de la terre, directeur de recherche en génétique du développement, a obtenu des résultats devenus classiques sur la spécification des organes sensoriels chez la Drosophile.
En 2003- 2006, elle effectue un stage postdoctoral à Princeton, en 2007 elle est chargée de recherche au CNRS. Depuis 2010, elle dirige un groupe à l’Institut Jacques Monod. Depuis son stage à Princeton, elle s’intéresse à la génétique de l’évolution morphologique, en analysant des différences transmissibles entre espèces proches de Drosophile. Après des centaines de croisements et l’analyse détaillée de milliers de mouches, ses connaissances en mathématique, lui ont permis de réaliser une cartographie des régions génomiques impliquées dans le contrôle des caractères étudiés et ont conduit à un résultat réconciliant deux points de vue considérés comme incompatibles : la démonstration qu’un changement évolutif peut être causé à la fois par quelques gènes à effet majeur et par l’accumulation de mutations nombreuses à effet faible. Ce travail est publié dans quatre articles dont l’un où elle résume l’histoire des idées et l’importance des régions cis-régulatrices dans l’évolution et la spéciation, montrant une maturité scientifique remarquable.
Avec son groupe de 10 personnes à l’Institut Jacques Monod, elle poursuit ses recherches sur les règles qui régissent l’évolution des êtres vivants. Elle vient d’obtenir un Starting Grant ERC et la Médaille de Bronze du CNRS.Séverine Sigrist, directeur du laboratoire du Centre européen d’étude du diabète (CeeD) et présidente et fondatrice de la start-up Defymed sas, pour la catégorie Parcours femme entreprise.
Depuis plus de 15 ans, Séverine Sigrist consacre son activité de recherche à la thérapie cellulaire dans le diabète au Centre européen d'étude du diabète.
Après l'obtention d'un doctorat en sciences de la vie et de la santé en 1999, Séverine Sigrist a rejoint le CeeD, un laboratoire de recherche privé localisé à Strasbourg. Son objectif est de développer la thérapie cellulaire dans le diabète et de trouver de nouvelles stratégies pour optimiser la transplantation d’ilots de Langherans, afin de permettre à un plus grand nombre de patient de bénéficier de cette approche thérapeutique.
Après avoir mené des recherches sur une stratégie d’administration orale de l’insuline, elle travaille actuellement sur l’amélioration des techniques d’encapsulation des ilots, ouvrant l’espoir de leur survie durable créant les conditions d’un authentique pancréas artificiel. Ces travaux sur le pancréas bioartificiel ont pu être menés à bien grâce à l'obtention de deux subventions européennes.
Elle a créé en 2011 la start up DEFYMED, qui a pour objet la recherche, le développement et l'exploitation de dispositifs médicaux pouvant contenir des cellules sécrétrices de molécules biologiques. MAILPAN, le premier dispositif développé dans le cadre du traitement du diabète de type 1 et ayant vocation à accueillir des cellules insulino-sécrétrices, est en phase d'étude préclinique.