Jean-Paul BINET
9 janvier 1924 - 31 mai 2008
Notice nécrologique
Jean-Paul Binet avait été élu Correspondant le 29 novembre 1982, dans la section de Biologie humaine et sciences médicales.
Professeur de clinique chirurgicale thoracique et cardio-vasculaire à l’université Paris-Sud (depuis 1980), chirurgien-chef de l’hôpital Marie-Lannelongue (depuis 1987), Commandeur de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre national du mérite, Croix de guerre 1944-1945, membre de l’Académie royale de médecine de Belgique, de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie de chirurgie dont il a assuré la présidence en 1991, Jean-Paul Binet avait été élu correspondant de l’Académie des sciences en 1982 dans la section de biologie humaine et sciences médicales.
"Chirurgien pédiatre". Ces deux mots définissent la vie professionnelle de Jean-Paul Binet. Une vie entièrement consacrée à la pratique de la chirurgie pulmonaire puis cardiaque, de l’enfant principalement. Élève de Jean Mathey pour la chirurgie pulmonaire et de Charles Dubost pour la chirurgie cardiaque, il prit en fait très tôt son envol pour développer dans les années 65 le service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Marie Lannelongue. Servi certes par une filiation prestigieuse – il était le fils du Doyen Léon Binet – mais plus encore par des qualités éminentes, il devint chef de service à 40 ans dans ce même hôpital. C’est là que je l’ai connu. C’est grâce à lui que j’ai embrassé la carrière de chirurgien cardiaque, c’est par lui en partie que j’ai été formé, avec lui et Jean Langlois que nous avons procédé aux premières implantations de valves animales chez l’homme. Nous avons bataillé ensemble, triomphé ensemble et, plus souvent, souffert ensemble lorsque les résultats n’étaient pas à la hauteur de nos attentes et de nos efforts. Par la suite, nos chemins se sont séparés mais sans jamais diverger, tracés qu’ils étaient par le désir de servir et la passion de chercher. Avec Claude Planché, Rémi Nottin et bien d’autres, Jean-Paul Binet continua d’apporter des contributions remarquables en particulier dans la chirurgie cardiaque et valvulaire reconstructrice de l’enfant. Ce ne fut pas sans soulever quelques réticences ici ou là. J’évoque ici son combat, dans certaines malformations complexes du cœur, pour imposer une chirurgie plus précoce chez les très jeunes enfants et des approches chirurgicales moins invasives tant vantées aujourd’hui. Passionné par la recherche, il contribua au développement du Centre de recherche chirurgicale de l'hôpital Marie Lannelongue. Voyageur infatigable, il parcourait le monde dans le seul but de faire bénéficier ses malades et ses élèves des dernières innovations thérapeutiques. Il nous laisse une des écoles de chirurgie cardiaque pédiatrique les plus réputées au monde, de nombreux articles et ouvrages de techniques chirurgicales et, en témoignage ultime chez Odile Jacob, un livre remarquable de réflexion sur l’Acte Chirurgical.
Mais au delà du chirurgien, c’est de l’homme qu’il s’agit. Chaleureux, sensible, généreux, fraternel, prêt aux gestes les plus inattendus, tel ce bouquet de roses que mon épouse reçut un jour de lui pour l’excuser de m’avoir gardé toute une nuit à l’assister dans une opération difficile.
Tel était Jean-Paul Binet, chirurgien éminent, homme de cœur qui consacra toute sa vie à corriger la plus grave des injustices humaines qu’est la maladie d’un enfant.
Alain Carpentier, juin 2008